Les Oméga 3, ces acides aminés indispensables à l'organisme

Les Oméga 3, ces acides aminés indispensables à l'organisme

Les Oméga 3, ces acides aminés indispensables à l'organisme

Rédigé par le Docteur Hélène Maudouit.

Qualifiés d’essentiels, mais aussi d’indispensables, ils sont largement impliqués dans la qualité des membranes de nos cellules. Largement représentés dans la constitution de notre cerveau, ils jouent un rôle primordial dans le développement du système nerveux central humain au cours de son évolution.

Des recherches épidémiologiques et quelques essais thérapeutiques récents mettent en évidence l’impact des omégas 3 sur les fonctions cognitives du cerveau humain :

  • Tant pour le foetus in utero sur le développement cérébral et les facultés visuelles ;
  • Que pour le jeune enfant dans le domaine de l’apprentissage, la mémoire et les troubles de l’attention, l'autisme ;
  • Pour l’adulte dans la prévention de la dépression, les troubles du comportement ;
  • Et enfin pour la personne âgée en participant à sa neuro- plasticité et en repoussant les limites du déclin cognitif, peut-être de la maladie d’Alzheimer ?

Pour en savoir un peu plus sur les Oméga 3

Les oméga 3 sont des acides gras poly-insaturés (AGPI), composés d’une famille de trois, à savoir :

  • L’acide alpha-linolénique (ALA : 18:3n-3), à chaîne courte, le chef de famille, d’origine végétale (végétaux verts, lin, colza, soja), précurseurs de tous les oméga 3,
  • L’acide eicosapentaénoïque (EPA : 20:5n-3) : leur enfant
  • L’acide docosahexaénoïque (DHA : 22:6n-3) : leur petit enfant, sachant que ces deux derniers sont à longue chaîne et hautement insaturés et ne peuvent pas être synthétisés de façon optimale à partir de l’ ALA, notamment au-delà de cinquante ans, et devant donc être amenés par une alimentation animale (poissons gras).

A l’origine de la fluidité de nos membranes cellulaires, ils constituent un pré-requis pour une activité organique optimale.

Le DHA

L’acide docosahexaénoïque ou DHA fut découvert en 1942 chez des poissons japonais. Aussi nommé acide cervonique, en rapport avec sa présence majoritaire au niveau de notre système nerveux central, il constitue 40% des 60% de matière grasse du cerveau.

On pense que cet acide gras est apparu à l’ère cambrienne, il y a 600 millions d’années et que sa synthèse n’a pu se faire que grâce à l’élévation du taux d’oxygène atmosphérique au-dessus du « point Pasteur » responsable de la vie aérobie. En parallèle apparurent des formes cellulaires complexes, constituées par la présence d’un noyau et de mitochondries, communes à tous les organismes cellulaires nommés Eucaryotes.

L'EPA

L’acide eicosapentaénoïque ou EPA, autrement appelé acide timnodonique, car initialement isolé dans le thon, a une place minoritaire au sein du système nerveux central.

Les acides gras EPA et DHA à longue chaine de carbone sont synthétisés par le phytoplancton marin et les animaux mais pas par les plantes supérieures, contrairement à l’acide alpha linolénique (ALA), à courte chaine qui n’est synthétisé qu’a partir des végétaux.

L'histoire de Oméga 3

L’intérêt voué aux AGPI oméga 3 a débuté avec l’étude publiée en 1979 de deux chercheurs danois, Bang et Dyerberg, qui se penchèrent sur le régime traditionnel des esquimaux, en raison de la très faible incidence de décès par infarctus du myocarde chez ceux-ci.

De 1950 à 1974, ils comparent sur un échantillon de 1800 esquimaux deux groupes : un groupe, demeurant sur la banquise qui suit le mode de vie traditionnel avec une forte consommation de poisson, de l’ordre de 400g par jour en moyenne et de la viande de mammifères marins ; un autre groupe émigré au Danemark et optant pour un mode de vie danois.
Ils remarquent des différences significatives, notamment sur le taux d’infarctus du myocarde : de 3 dans le groupe de la banquise contre 40 dans le groupe danois.

Parallèlement, de l’autre côté du pôle, à la même époque, des chercheurs japonais s’intéressent au régime alimentaire des habitants de l’archipel d’Okinawa au sud du Japon détenant collectivement le record absolu de longévité de la planète. Les centenaires y sont 4 fois plus nombreux qu’en occident. Ils consomment en moyenne 250g de poisson par jour et l’incidence des maladies cardiovasculaires est très faible. Les conclusions des chercheurs japonais corroborent celle des danois : c’est la consommation du poisson gras qui est à l’origine de la protection cardiovasculaire.

La structure fluide de nos membranes cellulaires est le fruit du caractère insaturé de ces acides gras, conférant notamment à nos cellules cérébrales fluidité, souplesse, perméabilité, caractérisant leur plasticité, support de leur identité.
Ils jouent également un rôle de médiateurs lipidiques modulateurs de l’inflammation dont sont issues les résolvines et les protectines (appelées neuroprotectines lorsqu’elles sont produites par les tissus neuronaux) qui ont un rôle anti inflammatoire.

Enfin, ils participent à la régulation de l’expression génique en se fixant sur des récepteurs de facteurs de transcription, eux-mêmes se liant aux promoteurs de gènes pouvant ainsi moduler l’expression de ceux-ci avec donc un rôle hormonal et neurohormonal.

Physiologie et bienfaits des Oméga 3

La structure fluide de nos membranes cellulaires est le fruit du caractère insaturé de ces acides gras, conférant notamment à nos cellules cérébrales fluidité, souplesse, perméabilité, caractérisant leur plasticité, support de leur identité.

Ils jouent également un rôle de médiateurs lipidiques modulateurs de l’inflammation dont sont issues les résolvines et les protectines (appelées neuroprotectines lorsqu’elles sont produites par les tissus neuronaux) qui ont un rôle anti inflammatoire.

Enfin, ils participent à la régulation de l’expression génique en se fixant sur des récepteurs de facteurs de transcription, eux-mêmes se liant aux promoteurs de gènes pouvant ainsi moduler l’expression de ceux-ci avec donc un rôle hormonal et neurohormonal.

Les gènes concernés plus particulièrement sont ceux impliqués dans le métabolisme lipidique, avec stimulation de l’expression de l’adipocyte et notamment activation des PPAR (peroxysome proliferator-activated factor) à l’origine d’une augmentation de la béta-oxydation hépatique et d’une baisse du taux de triglycérides.

Ils peuvent également agir en régulant la quantité des facteurs de transcription, à l’intérieur du noyau cellulaire, citons SREBP-1 , qui contrôle la synthèse des acides gras, la lipogenèse de novo et la synthèse des AGPI (Acides gras polyinsaturés).

De ces fonctions physiologiques décrites et au travers des différentes études épidémiologiques et expérimentales, il semblerait qu’une augmentation des apports alimentaires en acides gras oméga-3, notamment en EPA et DHA seraient en faveur d’une diminution des risques cardio-vasculaires :

  • D’une part par la prévention des arythmies à l’origine de mort subite (stabilisant l’activité électrique du myocyte en agissant sur les canaux ioniques membranaires sodiques et calciques ),
  • D’autre part par l’enrichissement des membranes cellulaires en oméga 3, dotées d’une grande flexibilité et prévenant le risque de thromboses à l’origine d’un infarctus du myocarde ou d’un accident vasculaire cérébral,
  • Régulant le taux des triglycérides à la baisse (optimisant un éventuel syndrome métabolique),
  • Réduisant l’inflammation, à l’origine d’une diminution de la plaque athéromateuse et d’une amélioration de la fonction endothéliale.
  • Ainsi qu’une diminution de l’agrégation plaquettaire.

L’évolution de l’être humain est marquée du temps de nos chasseurs cueilleurs à nos jours par un appauvrissement de la densité micro nutritionnelle de nos denrées avec comme corollaire l’apparition et l’accroissement de maladies inflammatoires multiples telles que l’obésité, le diabète, les maladies cardio-vasculaires et neurodégénératives.

Parallèlement, notre épigénétique, c’est à dire l’expression de notre génome, modulée par ce nouveau mode alimentaire s’exprime, à l’origine de maladies dites à caractère héréditaire, avec la notion de réversibilité en fonction du choix de notre assiette.

Tel le pèlerin qui a une démarche volontaire vers une vérité et qui est amené à dépasser ses limites et à se confronter à lui-même et à son environnement, on peut penser que l’évolution harmonieuse de l’individu se fera en tenant compte de l’épi-nutrition, approche de la nutrition intégrant l’importance des molécules issues de notre assiette, avec notamment la mise en place des omégas 3 pour une optimisation de notre capital neuronal.